Inland
Empire
Un film de David Lynch
Avec Laura Dern, Jeremy Irons, Justin Theroux, Harry Dean Stanton…
Définir un film de David Lynch est une entreprise hasardeuse et vouée à l’échec.
Le cinéma de Lynch est habité par le mystère, la paranoïa, la violence, physique, sexuelle, la mort…
Inland Empire s’inscrit dans la lignée de Lost Highway ou encore Mulholland Drive, en atteignant un degré de folie bien supérieur. Les spectateurs allergiques au cinéma de Lynch passeront leur chemin, car l’aventure, la plongée dans l’abyme proposé par le cinéaste, dure plus de 3 heures (près de 4 heures dans la version proposée au Camerimage Film Festival, en Pologne, en novembre 2006)
Autant dire qu’il faut être bien accroché à son siège et être attentif pour saisir toutes les nuances et détails de l’œuvre. Car plus qu’un film, Inland Empire est plus une œuvre d’art contemporain, dont le cinéma est le vecteur pour traduire les émotions et les infinies variations.
Le postulat de départ est relativement simple : une comédie est engagée pour un rôle dans une nouvelle production, un remake d’un film qui a connu un sort tragique après la mort de deux interprètes plusieurs années auparavant. Les répétitions débutent à peine que la comédienne est happée par son personnage, son histoire, et se retrouve dans un monde parallèle où il est difficile de faire la part entre la réalité, le cauchemar, les personnages…
Avec une simple caméra DV, mais avec un sens de l’esthétisme, de la plastique, du cadre, de la musique, de l’art simplement, Lynch réussit à nous faire sourire, rire même, peur souvent en alignant les images, les fausses pistes, les changements de décors, entre la Pologne et l’Amérique.
Une œuvre extrêmement complexe dont on se gardera bien de vouloir classer et au final, qu’on ne peut expliquer tant elle se singularise par sa rigueur et sa folie.
La musique joue une nouvelle fois un rôle très important, grâce à des compositions personnelles de Lynch mais aussi d’autres titres, décalés, sombres, aériens.
La force d’Inland Empire est de pouvoir montrer les émotions de l’être humain, dans sa beauté ou sa laideur. Laura Dern porte presque à elle seule le poids du film, semblant savoir où aller et que faire, alors que le spectateur est désemparé, perdu, s’accrochant à une hypothétique intrigue et à un raisonnement propre qui finalement s’avère faux.
A recommander aux spectateurs avertis et connaissant l’œuvre de l’artiste David Lynch… Les autres s’endormiront !
Arnaud Meunier
11/02/2007